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Droits de la mesure : conseils, choix éclairés et prise de décisions

Indicateurs 14 à 16


Le droit des femmes et des jeunes filles à décider, librement et pour elles-mêmes si elles souhaitent avoir des enfants, quand et combien, est fondamental à la vision et aux objectifs de FP2020.


Quatre ans après avoir lancé l’initiative, de nombreux efforts ont été déployés pour assurer que les programmes de planification familiale reposent sur les principes relatifs aux droits de l’homme et les respectent.


Les Indicateurs de base 14, 15 et 16 mesurent les aspects de l’autonomisation, du choix éclairé et de la qualité des soins. Tous ces éléments sont des aspects importants de la planification familiale fondée sur les droits.


L'indicateur de base 16 (Tableau d'estimation 16) mesure le pourcentage de femmes qui prennent des décisions relatives à la planification familiale seules ou avec leur mari ou leur partenaire . Dans les pays où des enquêtes sont menées depuis 2012, cet indicateur affiche un niveau élevé de participation des femmes dans la prise de décisions concernant les contraceptifs, qui va de 71 % aux Comores à 98 % en Égypte et au Rwanda.

Il est important de noter que, dans plus de la moitié de ces pays (15 sur 29), 1 utilisatrice sur 10 au moins a signalé ne pas être impliquée dans la prise de décisions importantes, telles que les questions relatives à l’utilisation de contraceptifs, au moment de l’utilisation et à la méthode à utiliser. Ces données suggèrent que, dans de nombreux pays, des efforts sont toujours nécessaires pour assurer que toutes les femmes et les jeunes filles puissent prendre des décisions contraceptives volontairement et sans aucune discrimination, contrainte ou violence.


Néanmoins, les résultats de l’Indicateur 16 dressent un portrait incomplet de l’autonomisation. Bien que les scores de cet indicateur soient assez élevés et varient très peu selon les pays et les années, cet indicateur est susceptible de ne pas refléter une grande partie des difficultés liées à la prise de décisions à laquelle les utilisatrices de contraception font face. En outre, l’Indicateur 16 ne mesure que le pouvoir de prise de décisions des femmes qui utilisent une méthode actuellement et ne donne aucune information sur les expériences des femmes qui n’utilisent pas de méthodes ou sur la façon dont cette décision a été prise. D’autres études dévoilent une partie des difficultés auxquelles ces femmes sont confrontées. De plus, une étude du Guttmacher Institute de 2016 sur la nonutilisation indique que l’opposition des partenaires ou d’autres personnes représente un problème pour les femmes mariées ayant un besoin non satisfait de planification familiale. 23 En moyenne, 9 % des femmes dans les pays disposant de données ont mentionné le fait que leurs partenaires ou d’autres personnes s’opposaient à la contraception comme raison de leur non-utilisation de contraceptifs. Ce pourcentage était le plus élevé au Timor oriental (27 %) et le plus bas au Cambodge et au Pérou (2 %).


La qualité des conseils et des services de planification familiale disponibles aux femmes est également un facteur sous-jacent influençant l’utilisation de contraceptifs. Les services de conseils appropriés fournissent aux femmes et aux jeunes filles des informations médicales correctes sur leur corps et sur leurs options en matière de contraceptifs. De plus, ils leur permettent d’envisager un éventail de méthodes et de choisir celle qui leur convient, à mesure que leurs besoins de santé sexuelle et reproductive évoluent avec le temps. Les services de conseils aident également les utilisatrices de contraceptifs à comprendre les effets secondaires possibles et à trouver leur méthode préférée.


L'indicateur de base 14 (Tableau d'estimations 14), l’Indice information méthode (MII), sert d’indicateur de la qualité des conseils et clarifie la mesure dans laquelle les femmes sont informées des effets secondaires et des autres méthodes. MII est une mesure de synthèse calculée à partir de trois questions posées aux utilisatrices de contraceptifs actuelles sur le cadre dans lequel elles ont obtenu la méthode qu’elles utilisent actuellement :

  1. 1. Avez-vous reçu des informations sur les autres méthodes ?
  2. 2. Avez-vous reçu des informations sur les effets secondaires ?
  3. 3. Avez-vous reçu des informations sur les mesures à prendre en cas d’effets secondaires ?

La valeur du MII correspond au pourcentage de personnes qui répondent « oui » à l’ensemble des trois questions. Depuis 2012, nous établissons des rapports sur la valeur totale du MII, la valeur du MII par méthode et le pourcentage de femmes qui répondent positivement à chaque question.


En 2016, la gamme des valeurs du MII allait de 13,5 % au Pakistan24 à 71,8 % en Zambie. Les utilisatrices d’implants et de DIU reçoivent généralement plus d’informations sur leurs méthodes et, dans l’ensemble, les femmes ont tendance à être informées des autres méthodes plus souvent qu’elles ne sont informées des effets secondaires ou de la façon de les gérer. Il est nécessaire de procéder à un examen plus attentif des pays et des méthodes associées à des valeurs faibles du MII pour comprendre pourquoi les professionnels de la santé ne communiquent pas les informations qui sont nécessaires au consentement éclairé.


Les résultats de l’étude de 2016 du Guttmacher Institute suggèrent que les femmes ne reçoivent pas les informations dont elles ont besoin pour prendre des décisions éclairées sur l’utilisation de contraceptifs. Selon cette étude, de nombreuses femmes qui n’utilisent pas les contraceptifs en raison de rapports sexuels peu fréquents ou d’aménorrhée/allaitement (deux des raisons les plus fréquemment citées) peuvent sous-estimer leur risque de débuter une grossesse. Par exemple, une grande partie des femmes qui ont mentionné la faible fréquence des rapports sexuels pour expliquer la non-utilisation de contraceptifs étaient sexuellement actives au cours du mois précédent. De même, la plupart des femmes qui ont mentionné l’aménorrhée post-partum et/ou l’allaitement pour justifier la non-utilisation avaient accouché il y a plus de six mois.


L’étude du Guttmacher Institute a également découvert qu’une grande partie des femmes qui n’utilisent pas de contraceptifs sont préoccupées par les effets secondaires ou les risques pour la santé. Dans 21 des 52 pays inclus dans cette étude, la peur des effets secondaires était le facteur le plus fréquent de la non-utilisation. Dans la plupart des pays, la peur était la raison pour laquelle entre 20 et 33 pour cent des femmes qui voulaient éviter une grossesse n’utilisaient pas de contraceptifs. Ces femmes sont significativement plus susceptibles d’avoir déjà utilisé une méthode moderne que les femmes qui justifient la non-utilisation autrement, ce qui semble suggérer que ces peurs proviennent d’expériences réelles des femmes qui ont pris des méthodes de contraception ou ont été en contact avec des professionnels de la santé. Que ces peurs découlent de fausses croyances ou de véritables risques pour la santé d’une méthode donnée, leur omniprésence souligne l’importance des services de conseils de planification familiale s’agissant de répondre aux inquiétudes des femmes et de les aider à sélectionner la méthode qui leur convient le mieux.

Regardons de plus près : la non-utilisation de contraceptifs

Il est important de ne pas oublier que les décisions des femmes relatives aux contraceptifs sont influencées par divers facteurs socio-économiques, culturels et géographiques. Les résultats de l'étude du Guttmacher Institute sur la non-utilisation, qui illustrent les réponses à une seule question EDS, peuvent ne pas saisir tous les éléments de cette situation complexe. Comme l'indiquent les auteurs, l'étude n'inclut pas toutes les raisons mentionnées pour la non-utilisation, ne les classe pas par ordre d'importance et n'offre pas

d'informations sur la façon dont de nombreux facteurs combinés entravent l'utilisation de contraceptifs. Il est nécessaire de mener un examen plus détaillé grâce à des recherches qualitatives et des études quantitatives approfondies afin de mieux comprendre les expériences des femmes et les différences entre les pays, et au sein de ceux-ci, et d'identifier les interventions efficaces qui peuvent aider les femmes et les jeunes filles à exercer pleinement leurs droits reproductifs.

Les données de l'Indicateur de base 15 (Tableau d'estimations 15), la proportion de femmes ayant reçu des informations de toutes sortes sur la planification familiale au cours de l’année précédente de la part d’un agent de santé dans un établissement ou sur le terrain, révèlent également que de nombreux pays devront considérablement élargir leurs services de conseils, d’informations, d’éducation et de communication s’ils veulent permettre à davantage de femmes et de jeunes filles de prendre des décisions éclairées en matière de contraception d’ici 2020. L’Indicateur de base 15 révèle que ce pourcentage varie largement dans les pays disposant de données et oscille entre 6,6 % en Guinée et 52,4 % au Libéria.


La proportion peut également varier selon le quintile de richesse dans les pays. Dans certains pays, comme la RD du Congo et le Yémen, la proportion des femmes ayant indiqué avoir reçu des informations était supérieure dans le quintile le plus riche, par rapport aux femmes les plus pauvres. Dans d’autres, comme les Philippines, le Togo et Haïti, un pourcentage plus grand des femmes les plus pauvres avaient reçu des informations, par rapport aux femmes riches. Ces chiffres doivent être interprétés en contexte, car toutes les femmes ne souhaitent pas avoir recours aux services de conseils de planification familiale ou n’en ont pas besoin. Toutefois, dans plus de la moitié (15 sur 27) des pays disposant de données sur cet indicateur, au moins 75 % des femmes ont signalé ne pas avoir reçu d’informations sur la planification familiale au cours de l’année dernière.


Tandis que les Indicateurs de base 14, 15 et 16 sont limités au niveau des informations qu’ils fournissent, ils permettent de dessiner un portrait plus complet dès lors qu’ils sont étudiés les uns par rapport aux autres. En Zambie, 72 % des utilisatrices de contraceptifs ont signalé avoir reçu des informations sur les effets secondaires et les alternatives à leur méthode de contraception actuelle. Il s’agit de la plus grande proportion de femmes tous pays confondus. Toutefois, par rapport aux autres pays, des proportions relativement moindres de femmes ont reçu des informations sur la planification familiale (30 %) ou ont indiqué avoir pris la décision d’utiliser des contraceptifs seules ou avec leur partenaire (83 %). Ensemble, ces données suggèrent qu’alors que la plupart des utilisatrices ont reçu des informations qui sont essentielles à la prise de décisions éclairées, elles pourraient ne pas être habilitées à prendre des décisions elles-mêmes sur l’utilisation des contraceptifs.


En revanche, près de 95 % des femmes en Indonésie ont pris des décisions en matière de planification familiale elles-mêmes ou avec leur partenaire. Néanmoins, elles pourraient ne pas avoir pris ces décisions en se basant sur des informations complètes sur les options de contraception et les effets secondaires. Seules 30 % des femmes ont signalé avoir reçu des informations sur d’autres méthodes, les effets secondaires et les mesures à prendre en cas d’effets secondaires.


Plusieurs partenaires FP2020 sont impliqués dans les efforts de recherche et les efforts programmatiques pour appliquer les principes de droit et d’autonomisation aux points de prestation de services (y compris l’offre de conseils améliorés) et pour mesurer l’impact de ces principes sur l’utilisation des contraceptifs. Ces efforts sont essentiels pour réduire les taux d’arrêt et maintenir et développer l’utilisation des contraceptifs d’ici 2020 et à l’avenir.

Regardons de plus près : Indice composite national de la planification familiale (NCIFP)

L'enquête NCIFP a pour objectif d'améliorer la compréhension de la politique et d'encourager un environnement favorable en matière de planification familiale. Elle a été rédigée via un processus consultatif qui impliquait les Groupes de travail Suivi de la performance et résultats (PME WG) et les Groupes de travail Droits et autonomisation de FP2020, les donateurs et différents partenaires d'exécution. Cette enquête, destinée à des programmes nationaux de planification familiale, à des ONG, à des établissements universitaires et de recherche, ainsi qu'à des agences internationales, vise à mesurer l'existence et l'application de politiques, de systèmes et de normes relatives à la qualité, la responsabilisation, l'utilisation des données, l'équité et la stratégie.

En savoir plus et voir les résultats de l'enquête


23. Sedgh G et al., Unmet Need for Contraception in Developing Countries: Examining Women's Reasons for Not Using a Method, New York: Guttmacher Institute, 2016, https://www.guttmacher.org/report/unmet-need-for-contraception-in-developing-countries

24. Les données d'enquête du Pakistan ne représentent que les femmes mariées.

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